Théorisé il y a peu, l’Enfant de Milhaz fait partie des stratégies
à connaître, passé le stade de débutant, afin de donner un tour un peu plus
retors à vos parties de Val. Bien que Romaric ait déjà expliqué en
quoi consistait un Enfant de Milhaz
dans un précédent article, revenons un peu sur la théorie.
L’Enfant,
dans sa forme originelle, est une formation défensive dont l’intérêt est de
faire gagner de la Majesté à son Étoile tout en ayant le pouvoir d’affaiblir sa rivale si
d’aventure celle-ci choisissait de l’éliminer. C’est ce dernier point qui donne
toute son importance à la formation. De
facto, un grand nombre de joueurs ont compris le potentiel d’un Enfant utilisé dans une stratégie de
bluff, en mettant en avant l’aspect psychologique lié à son côté
« punitif ».
Basiquement, L’Enfant de Milhaz est un Enfant dont le joueur refuse de révéler le
cœur lors du tour de pose, et qui de ce fait, provoque deux questions chez sa
rivale : « À quelle hauteur dois-je jouer mon pique afin de le tuer à
coup sûr ? » et « Cela en vaut-il la peine ? ». La
réponse effective à ces deux questions expose à deux situations gênantes en cas
de réponse disproportionnée : l’overkill
et la sous-estimation. Dans la première situation, on a joué/défaussé un pique
fort contre un cœur faible. Dans la seconde, on a perdu un tour en jouant un pique
trop faible. Dans les deux cas, c’est du gâchis.
Psychologiquement,
c’est une situation inconfortable pour l’adversaire et parmi la grande majorité
des joueurs qui optent pour l’affrontement, la tendance ira à la surenchère. Ce
qui s’explique assez naturellement par la peur de la double peine ; non
seulement on sait qu’on va perdre de la Majesté en tuant l’Enfant mais on
risque, si on n’y met pas les moyens, de voir s’éterniser le combat contre celui-ci.
C’est le « deuxième effet kiss-cool » de l’Enfant de Milhaz : il pousse à l’overkill.
Très rapidement, on comprend tout l’intérêt d’une stratégie
d’éducation avec ce type de formation et donc l’intérêt de pousser l’adversaire
à sous-estimer un Enfant de Milhaz.
En effet, le sous-estimer, c’est vous donner la possibilité d’éduquer votre
Enfant et replonger l’adversaire dans les mêmes affres de doute qu’au tour
précédent. Peu nombreux seront les adversaires qui oseront encore prendre le
risque de perdre un tour de plus, et c’est l’occasion de leur faire payer cher
l’overkill.
Comment contrer un Enfant de Milhaz ?
La solution la plus évidente est
d’utiliser des formations fortes en Esprit pour contourner le problème de
l’Enfant, à savoir Accompli et Magicien. L’adversaire va devoir lui-même
révéler son Enfant pour compenser la perte de Majesté par le carreau. Si la
solution n’est pas envisageable, alors il reste la possibilité d’user du
Pouvoir d’une de ses formations afin de révéler le Cœur de l’Enfant et désamorcer
ainsi le bluff. C’est probablement la meilleure solution après le carreau, si
vous avez derrière de quoi le tuer immédiatement, sans quoi vous donnez
l’opportunité à votre adversaire de l’éduquer et réduire vos efforts à néant.
Beaucoup proposent comme solution de
simplement ignorer l’Enfant. Je ne qualifierais pas cette option de
« mauvaise » car elle est tout à fait raisonnable, cependant c’est
quelque part céder au chantage de l’Enfant en s’interdisant l’utilisation du
pique, et ce à moindre frais pour l’adversaire puisqu’il neutralise votre
attaque avec seulement... deux cartes. Néanmoins, si l’optique d’une stratégie
différente concorde avec vos possibilités d’action, alors ce choix est sans
doute le plus sûr et le moins contraignant.
Une solution alternative consiste à
changer de tactique et à se lancer dans une course à la Majesté. Si l’Enfant de
votre adversaire est fort, il aura perdu un tour à ne pas l’utiliser. S’il est
faible, il va devoir l’éduquer, sans quoi il deviendra vite un boulet à
traîner. Mais encore faut-il en avoir la possibilité...
Dans le cas de joueurs chevronnés, et
notamment contre des adversaires prudents, il devient nécessaire de l’utiliser
à un autre niveau de jeu, comme par exemple pour faire jouer le trèfle d’une
formation resté inconnu jusque là, ou encore pour forcer le jeu de l’adversaire
en bloquant son attaque, ou simplement pour introduire un élément chaotique
dans l’équation, mais ce genre de situation reste bien spécifique.
Par essence, l’Enfant de Milhaz est le cauchemar des joueurs prudents (ou des
malheureux souffrant d’une aversion au risque) car il les pousse soit à prendre
des risques, soit à perdre du temps en allant dépenser des actions pour lever
l’indétermination. Les bon bluffeurs en tireront bien des avantages, à
condition de savoir à quel moment le déployer.
…à la
pratique.
L’Enfant
de Milhaz a donc pour intérêt de mettre en avant ce côté « épée de
Damoclès » qui fera toujours hésiter votre adversaire. Mais pour tirer
pleinement avantage de cette formation, il faut savoir l’employer au bon
moment.
Malgré ses atouts, l’Enfant de Milhaz n’est pas une formation exploitable dans toutes
les situations. Certaines sont bien évidemment plus propices que d’autres. Il m’est arrivé de jouer jusqu’à quatre ou cinq parties d’affilée
sans avoir eu l’occasion de placer cet Enfant.
Sans aller jusqu’à dresser un inventaire
exhaustif des situations propices, nous allons passer en revue les plus
évidentes, qui sont généralement aussi les plus fréquentes.
D’un point de vue général, il semble
évident que l’Enfant de Milhaz prend
tout son sens lorsque la Majesté de votre rivale est assez faible, plutôt entre
six et vingt points (en-dessous de six, elle ne peut pas se permettre de tuer
votre Enfant donc autant le faire jouer, au-dessus de vingt, la marge devient
trop importante). Dans cette configuration, votre rivale hésitera à s’affaiblir
en tuant votre Enfant, de peur de se mettre à portée d’un « blast »
au Carreau. Typiquement, la situation la plus critique pour elle est un overkill sur votre Enfant faible, la
mettant à la merci d’un Magicien ou
tout simplement de votre dix de Carreau joué de la main.
Par extension, toute situation de score
serré entre les deux Étoiles est potentiellement un terrain propice à la pose
d’un Enfant de Milhaz, sauf dans le
cas d’une stratégie de course à la Majesté, bien évidemment, dans laquelle un Enfant de Milhaz n’a strictement aucune
utilité et serait même bloquant.
Une bonne main de carreaux est également
une situation intéressante pour développer un Enfant de Milhaz. Si vous avez beaucoup de carreaux, c’est probable
que votre adversaire n’en ait pas (ou peu) et donc ait peu de moyen de
contourner votre Enfant. Il se trouve alors dans l’obligation de l’assassiner
et de s’affaiblir, ou de temporiser son attaque et de vous donner du répit.
Enfin, la variante O’Stein est à mon sens la plus susceptible de fournir de
fantastiques opportunités grâce au draft de départ. Les stratégies de double guessing font de L’Enfant de Milhaz la figure de la
tromperie par excellence. Bien utilisées, elles permettent de jouer des
combinaisons très intéressantes. L’une de mes favorites consiste à tromper
l’adversaire sur le cœur de mon Enfant pour le pousser à attaquer un Accompli
amoureux.
Attention cependant à ne pas tomber dans
l’excès inverse et penser qu’un Enfant de
Milhaz bloquera les velléités belliqueuses d’un joueur agressif. Il
affaiblit l’adversaire, certes, mais consomme également des ressources. Enchaîner
les Enfants de Milhaz peut vous
acculer au mur et vous laisser dépourvu de capacité de riposte, même si
l’adversaire s’affaiblit notablement.
De plus, il est des situations à éviter
absolument, dans lesquelles la pose d’un Enfant
de Milhaz est d’avance vouée à l’échec. Pour une raison évidente, cette
tactique est à éviter lorsqu’un Fou est présent sur le versant adverse. Par
extension, même chose si l’adversaire utilise déjà une de ses formations comme
vecteur de pioche. Ce serait lui donner l’occasion de rentabiliser son trèfle.
Évitons aussi l’Enfant de Milhaz en
cas de présence sur le versant adverse de plusieurs formations armées, qui permettraient
à l’adversaire d’échelonner son attaque pour taper au plus juste.
Il ne faut pas oublier que l’Enfant de Milhaz doit être considéré
comme un générateur de doute, c’est une formation qui est là pour saper la réflexion adverse. C’est un outil psychologique
qui doit pousser l’adversaire à la faute. Bluffez, jouez-le
contre-intuitivement, créez l'incertitude , et vous passerez maître dans l'art du Val Masqué !
L'enfant de Milhaz, personnellement, je l'ai adopté. ;)
RépondreSupprimerMaintenant, il faut motiver Cédric à nous parler du Pantin :)
RépondreSupprimerJe crois que Cédric est en période de concours... ça risque d'être chaud ^^
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